37.000 signatures en dix jours : la liberté d’informer sur l’agroalimentaire breton marque ses premiers points

Collectif Kelaouiñ
4 min readDec 14, 2020

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Le 5 juin 2020

Cinq cents collègues, rédactions, syndicats et collectifs de journalistes indépendant·es auxquels s’ajoutent quelque 37.000 citoyen·nes soucieux·es de la liberté d’informer sur l’agro-industrie en Bretagne et ailleurs… C’est fort de ces très nombreux soutiens que quatre représentant·es du collectif de journalistes « Kelaouiñ » (informer, en breton) ont pu s’entretenir, le 29 mai, avec Loïg Chesnais-Girard, président de la région Bretagne, et Jean-Michel Le Boulanger, son vice-président à la culture et à la démocratie.

Photo by Jon Tyson on Unsplash

C’est l’histoire d’une journaliste, Inès Léraud, qui subit diverses formes de censures et pressions à cause de ses travaux sur les zones sensibles de l’agroalimentaire breton. Et notamment de sa BD “Algues vertes, l’histoire interdite”, co-écrite avec Pierre Van Hove. Mais le cas d’Inès Léraud n’est que la partie visible de l’iceberg : en Bretagne, faire correctement notre travail de journalistes sur le secteur agroalimentaire est très difficile.

Faite de menaces, de pressions, de censures et d’autocensures, cette chape de silence, qui pèse depuis des décennies sur la liberté d’informer en Bretagne, vient d’exploser au grand jour grâce aux quelques 37.000 signatures de soutien à la lettre ouverte adressée le 25 mai à la présidence de la région Bretagne.

Le président de la Région et son vice-président à la culture et à la démocratie ont répondu à la lettre ouverte du collectif de journalistes « Kelaouiñ », certifiant qu’aucune subvention régionale n’était conditionnée aux activités propres des structures en faisant la demande.

La Région se désengagerait des entreprises qui entravent à la liberté d’informer

Mais Loïg Chesnais-Girard est allé plus loin encore, lors d’une visioconférence organisée en compagnie d’une délégation de notre collectif, le vendredi 29 mai. Il a ainsi évoqué la possibilité de voir le conseil régional se désengager financièrement auprès d’acteurs économiques qu’elle aide, si ces derniers venaient à contrevenir aux principes fondamentaux de la démocratie, parmi lesquels la liberté d’informer.

« Moi ça ne me dérange pas de dire que s’il est prouvé que des entreprises ou des acteurs agissent en dehors du droit, en dépassant des règles toutes simples qui font que la démocratie tient et que la liberté d’informer fonctionne, on peut, nous, prendre la décision de dire que nous ne participerons plus à l’accompagnement de tel ou tel acteur. » Voilà ce que nous a confié le président de la région Bretagne.

C’est une proposition dont nous nous réjouissons. Certes, elle ne règle pas le problème des pressions, censures et autocensures qui cadenassent le travail journalistique dès lors qu’il s’agit de dépasser le discours officiel et la barrière des services de communication, notamment sur les questions agroalimentaires. Néanmoins, cette clause contribuerait à rappeler que l’état de droit ne s’arrête pas aux portes des usines. À cela, nous lui répondons : chiche !

Vers un observatoire régional des libertés de la presse

Également interpellé sur les menaces qui pèsent sur des formations au journalisme essorées par des années d’austérité, le président Chesnais-Girard garantit qu’il abordera ce point avec la ministre de l’Enseignement supérieur. Frédérique Vidal est en déplacement en Bretagne les 4 et 5 juin.

Ayant lui-même qualifié de « pépite » l’IUT de journalisme de Lannion, gageons que Loïg Chesnais-Girard défendra ardemment la seule formation du grand Ouest, reconnue par la profession, qui plus est publique et ouverte aux néo-bachelièr·es. Nous l’avons clairement mentionné, le 29 mai et le répétons, sans journalistes bien formé·es, pas de journalisme au service de la liberté d’informer et au droit citoyen de savoir.

Comme évoqué dans notre lettre ouverte, ces principes passeront également par la création d’un observatoire régional de la liberté de la presse. C’est notamment dans ce contexte que nous rencontrerons, dans les prochaines semaines Jean-Michel Le Boulanger, vice-président de la région Bretagne chargé de la culture et de la démocratie.

Le conseil régional s’est en effet engagé à apporter son soutien à un tel observatoire. Si la Région est un interlocuteur incontournable et légitime, chacun convient toutefois que pour être en mesure de défendre réellement le droit de savoir et le droit d’informer, cet outil ne devra dépendre d’aucune institution.

Enfin, comme nous l’avons fait avec notre lettre ouverte adressée à la Région, nous ne cesserons d’interpeller toutes celles et ceux qui se sont vu remettre un mandat démocratique par les citoyen·nes et qui devront clairement se positionner sur les atteintes à la liberté d’informer mises à jour par notre démarche.

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Collectif Kelaouiñ

Collectif de journalistes pour la défense de la liberté d’informer. Une parole libre face aux enjeux de l’agro-industrie. Kelaouiñ : informer en breton